Originaire de Pilate, commune du département du Nord, Judette Jusmé est l’ainée d’une famille de 5 enfants. Le séisme meurtrier du 12 janvier 2010 l’a amputé du bras et du pied-droit. 11 ans après, Judette Jusmé devient gardienne de la sélection nationale féminine des amputées et repousse les limites de la vie.

En 2010, Judette Jusmé habitait un bâtiment de 2 étages qui s’est totalement effondré le 12 janvier 2010. Cet après-midi-là, ils étaient 5 dans la maison, mais elle a été la seule survivante. Dans cette catastrophe, la jeune femme a aussi perdu son petit-ami. Et, du jour au lendemain, Judette, qui pratiquait le volley-ball à l’école secondaire, s’est vue amputé de son pied et son bras droit. Plus, De plus, elle a aussi perdu l’ouïe d’une oreille.

Voulant à tout prix surmonter son handicap, vivre comme n’importe quelle personne, la jeune femme a décidé d’intégrer la sélection nationale féminine des amputées en février 2020. L’entraînement s’est avéré très difficile pour Judette, car, en plus d’être amputée d’un membre inférieur et supérieur, elle porte au pied gauche une attelle. Elle confie qu’elle a beaucoup pleuré au début, car elle est la seule au sein de la sélection qui a perdu deux membres ; en voyant les autres joueuses s’exercer, la jeune femme se demandait comment elle allait parvenir à faire les exercices. Elle avait juste envie de prendre ses bagages et ne plus revenir au club.

Ses collègues lui ont remonté le moral et Judette se dit très reconnaissante envers l’entraîneuse Marie Sophonie Louis qui n’a cessé de l’encourager et qui l’a initié aux exercices patiemment.

L’entraîneuse Marie Sophonie Louis (à gauche) et Judette Jusmé (à. droite), gardienne de la sélection nationale féminine des amputées

Aujourd’hui, le football est pour Judette Jusmé un anti-stress. Elle est contente d’avoir enduré toutes les difficultés pour être gardienne de la Sélection nationale féminine des amputées. Elle se déplace maintenant avec beaucoup plus de facilité et sait garder un certain équilibre.
Elle rêve que l’État accompagne convenablement la sélection nationale féminine des amputées crée en 2018.

Ces joueuses amputées ont aussi besoin d’un local et d’un bus afin de faciliter leurs déplacements. Lors de leur dernier match, le 8 mars dernier, au Parc Sainte Thérèse, à Pétion-ville, elles ont affronté la République Dominicaine ont remporté la victoire avec un score de 2-0.
Aujourd’hui, Judette Jusmé n’a plus honte de sortir dans la rue sans sa prothèse du pied avec une robe courte. C’est une femme qui accepte son handicap et qui ne la voit pas comme une insulte à son corps.

En dehors du football, elle est aussi technicienne de laboratoire à l’hôpital de l’université d’état d’Haïti (HUEH). Elle plaide pour une meilleure intégration des personnes handicapées en Haïti et invite aussi ses dernières à ne pas se focaliser sur leur handicap, mais de foncer.

Nancy Constant