Au Festival International de la Mode en Afrique : Macdieunette Brutus fait la fierté d’Haïti
Du 1er au 5 décembre 2021, Macdieunette Brutus, la créatrice haïtienne de la marque de mode Clegg a représenté Haïti au FIMA, le Festival International de la Mode en Afrique qui réunit des créateurs africains, des représentants du monde des arts et des journalistes du monde entier, en vue de présenter et de valoriser l’inspiration ainsi que la créativité de l’Afrique au travers de l’univers de la mode. En direct du Niger, la jeune femme a accepté de répondre à nos questions.
Fondé par le créateur de mode nigérien, nommé artiste pour la paix par l’UNESCO, Alphadi, le FIMA, depuis 23 ans, contribue au développement culturel et économique de l’Afrique. Et cette année, depuis le Niamey, capitale du Niger, la PDG de Clegg, dans des tenues signées Maison Yalick (une marque de vêtements haut de gamme africaine évoluant à Paris) a défilé et rencontré des personnalités importantes du monde de la mode africaine sous les couleurs du drapeau national. Elle se confie à IMEDIA.
Vous avez représenté, aujourd’hui, Haïti au FIMA (Festival International de la mode en Afrique) pourquoi FIMA ? Quel a été votre rôle dans ce festival ?
L’Afrique étant le berceau de l’humanité, mais aussi la terre-mère de mon pays parce qu’Haïti est bien l’Afrique des Caraïbes ou la négritude s’est mise debout pour la première fois. Participer à ce festival a été une manifestation de notre reconnaissance, mais aussi de notre fraternité envers ce continent.
Je suis la coordinatrice d’Haïti auprès du FIMA. Mon rôle ici, a été, non seulement de faire la fierté de mon Pays, mais aussi de contribuer, avec les autres membres du staff du FIMA, au bon déroulement de ce grand événement afin de donner l’opportunité aux Haïtiens, à l’avenir, d’exprimer leurs créativités aux yeux du monde.
Cette année, une délégation d’Haïti incluant des officiels, aurait dû m’accompagner, mais malheureusement, cela n’a pas abouti. Mais l’année prochaine, je ferai de mon mieux afin qu’Haïti puisse participer avec toute une délégation composée d’officiels, d’artistes, de journalistes, de créateurs… Afin de partager la riche culture de la terre de nos ancêtres avec le monde entier.
Que représente le FIMA pour vous ?
Pour moi, le FIMA représente cette opportunité que possède, surtout les créateurs noirs, de montrer au monde entier que l’Afrique est aujourd’hui debout avec une culture bien vivante et inspirante.
C’est une occasion que possède également aujourd’hui le Niger de valoriser le travail de nos créateurs noirs talentueux au-delà de leurs limites et de leurs imaginations et de participer au développement du continent africain en échangeant sa culture, ses valeurs et sa créativité avec le monde. Ce festival est en train de nous faire vivre le rêve d’une Afrique forte et créative. Grâce à lui, beaucoup d’étrangers visitent le Niger, des entrepreneurs investissent dans le pays.
Comment avez-vous préparé votre participation ?
Tout ce que je fais, je le fais avec un objectif précis et ma participation au FIMA devait être très symbolique et représentative. Je me suis donc préparée à refléter à travers mon image, une Haïti forte, belle, gaie, créative, vivante, élégante. J’ai donc été habillée par la Maison Yalick qui évolue à Paris et crée des pièces haut de gamme africaines. Durant ce festival, j’ai fait sensation dans mes tenues en créant de l’émotion chez les Nigériens et tous les autres pays qui y ont participé.
L’image parle toujours en premier de soi, alors, Haïti restera à coup sûr, dans leurs mémoires à travers moi. Ils se souviendront d’une Haïtienne forte, belle, positive, soigneuse, élégante… C’est ce message que je voulais véhiculer d’Haïti et on peut dire que j’ai gagné le pari.
Qu’avez-vous apporté au nom d’Haïti, mais aussi comme étant créatrice et désigner de mode ?
Cette année, comme créatrice et designer, j’ai apporté des cadeaux de ma collection de lunettes de soleil Clegg pour les gagnants du concours Top Model et les gagnants de jeunes créateurs du FIMA. Cependant, l’année prochaine, je souhaiterais participer avec ma collection. De plus, à mes côtés, il y a eu un autre grand créateur Haïtien évoluant à Paris, Zacometi, qui a participé au FIMA comme créateur invité et Président du Jury du concours jeunes créateurs FIMA et Top Model FIMA.
Et je souhaiterais que l’année prochaine d’autres haïtiens puissent participer afin d’apporter leur part de créativité au FIMA. Il faut qu’Haïti apprenne à grandir et à produire pour donner.
Avez-vous reçu du support de la part du gouvernement haïtien ou de la société civile haïtienne ?
Plusieurs présidents, ministres, ambassadeurs ont fait le déplacement afin de venir participer à ce festival pour soutenir la culture de leurs pays, sauf pour Haïti. Malheureusement, je n’ai pas reçu le support escompté par le gouvernement ou de la société civile de mon pays.
Mais, je tiens notamment à préciser, cependant, avoir reçu l’accompagnement du consulat général d’Haïti à Paris à travers le consul et chef de poste Monsieur Étienne Richardson. C’est quelqu’un qui croit en la jeunesse et qui soutient les talents en vue d’un avenir meilleur …
Nous sommes le reflet de ce que nous voulons transmettre à notre peuple et le soutien du gouvernement est toujours essentiel quand on se déplace pour représenter un pays, mais si on ne le trouve pas, il faut quand même avancer et faire ce qu’on peut avec ce qu’on a et c’est que j’ai fait.
On n’a pas forcément besoin d’un soutien d’un gouvernement pour valoriser son pays convenablement, c’est un devoir de citoyen.
Comment l’Afrique, bon plus précisément le Niger, vous a-t-elle reçu ?
Ce peuple a un amour profond pour mon pays. Dès mon arrivée à l’aéroport, je me suis sentie chez moi. Un agent de l’immigration m’a accueilli avec un grand sourire : “vous êtes Haïtienne, j’ai été en Haïti durant une année, j’aime beaucoup ce pays”. Et nous avons discuté un peu de l’histoire d’Haïti.
J’ai été accueillie dans ce pays comme une reine, je le suis d’ailleurs (rires). Le pays est salubre, les gens sont aimables et hospitaliers et leurs hôtels sont au top en matière de qualité de services. Je n’avais même pas l’envie de revenir en France, je me suis sentie tellement chez moi ! J’étais une priorité en tout et de plus, j’avais une lettre officielle pour voyager, car le FIMA est fait sous le haut patronage du président de la République du Niger, Monsieur son excellence Bazoum Mohamed. Toutes les autorités du Niger soutiennent le FIMA, c’est un événement qui contribue dans le développement économique et social du Niger.
Les Haïtiens ont beaucoup de valeur aux yeux des Africains parce que Haïti est le symbole de la liberté des noirs. Partout, où j’ai été, on m’a complimenté et demandé à me prendre en photo, j’ai aussi inspiré beaucoup de jeunes par ma façon d’être, selon leurs témoignages. Ils m’ont appelé la reine d’Haïti ( rires). J’ai réussi à marquer les esprits et c’était le véritable but de ma participation.
Avez-vous fait la promotion d’Haïti auprès du Niger si oui, à quel Niveau ?
FIMA étant un festival International, beaucoup de médias venant du monde entier y ont participé, parmi lesquels : TV5 monde, France 24, Canal +, RFI… J’en ai profité pour faire passer des messages positifs et forts à propos de mon pays.
Car je ne veux pas qu’on ait seulement l’image d’une Haïti désunie, sale, corrompue comme on le voit le plus souvent…J’ai échangé avec plusieurs grandes personnalités africaines qui manifestent déjà l’envie de visiter Haïti parce que je leur ai donné l’envie de découvrir ce peuple riche en créativité en ce qui a trait à la mode.
Qu’avez-vous réalisé durant votre séjour ?
J’ai réalisé des interviews et parlé de mon pays afin de montrer au monde que les Haïtiens sont des artistes dans l’âme, nous sommes créatif et notre culture est riche. J’ai échangé avec des personnalités importantes dans le but de trouver d’autres couloirs qui permettraient de prômoter une image positive d’Haïti.
La culture de chaque pays est riche et fascinante, et à mon avis, pour changer les mentalités, il faut passer par elle. À mon retour, je veux donc discuter avec les autorités de mon pays en vue de développer, à l’avenir, des structures qui supporteront nos artistes et mettront en avant notre culture. Nos artistes peuvent vivre de leur créativité et contribuer au développement du pays. Tout comme à travers le FIMA, Alphadi a apporté la paix et contribué au développement de son pays, nous pouvons aussi le faire en Haïti. Je sais que ce ne sera pas un travail facile, mais tout est possible. Je ne veux vraiment pas que l’on perde notre identité parce que nous avons tellement à offrir, il n’existe juste pas assez d’encadrement pour tous.
Wyddiane Prophète