Louis-Philippe Dalembert décroche un premier prix avec « Milwaukee Blues »
Le boulimique romancier haïtien Louis-Philippe Dalembert a obtenu, lundi 20 septembre à Paris, le prix Patrimoines 2021 de la Banque Privée BPE pour son « Milwaukee Blues », paru en aout 2021 chez Sabine Wespieser.
De nombreux écrivains, accueillis par des éditeurs de renom dont Gallimard (« Le fils de l’homme », Jean-Baptiste Del Amo) et Albin Michel (« La fabrique de souvenirs », Clélia Renucci), concourraient ce prix attribué, chaque fin septembre, à « un roman de rentrée qui porte un regard solidaire sur la société et dont le style d’écriture célèbre la langue française », lit-on sur le site de la Banque Privée BPE.
Inspiré de la mort tragique en mai 2020 de l’afro-américain George Floyd, ce récit happe par « sa profondeur, son inventivité, sa nécessité ». Nécessité de remonter aux racines du mal, de décrypter un monde qu’on connait peu, lit-on dans les colonnes du Figaro.
Déjà en lice pour remporter le prestigieux Goncourt et le Prix du Roman du Fnac pour lequel il est finaliste, Louis-Philippe Dalembert fait bel et bien partie des écrivains favoris de la rentrée littéraire en France, cette année.
Un jury d’exception composé de Daniel Picoully (Président du jury), de François Sureau (membre de l’Académie Française), de Jean-Marc Ribès (Président du Directoire de la Banque Privée BPE), a salué une œuvre formidable, un roman choral, note le Figaro dans une recension critique.
Heureux d’avoir remis, hier, en présence de @PhilippeWahl et @heim_philippe, le 5e Prix littéraire Patrimoines de notre Banque Privée BPE à Louis-Philippe Dalembert pour son formidable roman « Milwaukee Blues » aux éditions @wespieser. pic.twitter.com/8bFIN0Xahc
— Jean-Marc Ribes (@JMRibesBPE) September 21, 2021
« Milwaukee Blues », une fiction inspirée de deux drames réels
Inspiré du meurtre de George Floyd en mai 2020 et l’assassinat tragique d’u adolescent, Emmett Till, par des racistes du Sud en 1955, Louis-Philippe Dalembert met en scène à travers ce roman choral la vie d’un gamin des ghettos noirs que son talent pour le football américain promettait à un riche avenir.
Mais qui sera plus tard, fracassé par un pays gangrené par la haine raciale, un pays où la question de la couleur délimite les relations humaines, où prédomine le déterminisme de l’enfance et de la race.
Dans la première manche, l’auteur raconte que, depuis qu’il a composé le nine one one, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : ses cauchemars sont habités de visages noirs hurlant « Je ne peux plus respirer ». Jamais il n’aurait dû appeler le numéro d’urgence pour un billet de banque suspect. Mais il est trop tard, et les médias du monde entier ne cessent de lui rappeler la mort effroyable de son client de passage, étouffé par le genou d’un policier.
C’est le personnage Emmet, venu au monde dans un ghetto noir de Milwaukee, abandonné par son père, élevé dans la foi pentecôtiste par sa mère. L’écrivain décrit les années d’enfance d’un jeune noir à Franklin dans les quartiers nord de Milwaukee. Des années d’enfances qui sont racontées avec tendresse par son ancienne institutrice qui a milité dans sa jeunesse pour la cause noire, puis par son amie d’enfance et son pote dealer avec qui il formait un trio inséparable, amis à la vie à la mort, qu’ils surnommaient « les trois mousquetaires ».
Tué dans une troublante circonstance, Ma Robinson, un personnage magnifique, estime que la mort d’Emmet peut servir comme prétexte de réconciliation. Elle délivre un message de rassemblement et de réconciliation dans lequel elle préconise la paix. Et juge qu’il faut penser en termes d’êtres humains avant de penser étasuniens, juifs, haïtiens, noirs, blancs…
Louis-Philippe Dalembert, le chasseur de Prix
Natif de Port-au-Prince,Louis-Philippe Dalembert, avait raflé en 2019 le Prix de la langue française pour son bouleversant récit, Mur Méditerranée, (Sabine Wespieser), figurée cette même année dans la liste du Goncourt. Quant au roman Avant que les ombres s’effacent, (Sabine Wespieser, 2017), il avait lui remporté le prix Orange du Livre et le prix France Bleu/Page des libraires, en plus d’être finaliste pour le Grand prix du roman de l’Académie française et pour le Médicis.
Dans la course au prix littéraires, il faut noter que Victoria Mas (« Le bal des folles », Albin Michel, 2019), David Diop (« Frère d’âme », Seuil, 2018), Véronique Olmi (« Bakhita », Albin Michel, 2017) et Nathacha Appanah (« Tropique de la violence », Gallimard, 2016), furent les quatre premiers écrivains primés dans les éditions précédentes.
Rosny Ladouceur