Daprès l’UNICEF, près de 200 000 enfants en Haïti, pour survivre et subvenir aux besoins de leurs familles, sont contraints de travailler durement, au détriment de leur santé, de leur éducation, de leur bien-être et de leur avenir. Alors que, selon l’OIT, « La seule chose qu’un enfant devrait faire travailler est son imagination ».

« Grapyay ou kokorat », c’est ainsi que sont étiquetés péjorativement tout enfant misérable qui côtoie la rue comme habitat ou espace de gagne-pain. Abandonnés par tous, ou presque, ils ne font qu’essuyer ou laver les pare-brise des véhicules de transports ou des voitures privés, transporter des déchets ménagers pour survivre et subvenir à leurs besoins alimentaires.

C’est le cas de trois enfants rencontrés au cœur du Champ-de-Mars : Junior*Kerry* et Paul* âgé respectivement de 15, 12 et 11 ans. Ils sont tous originaires de la commune la plus pauvre d’Haïti, Cité-Soleil, notamment des quartiers Bois-neufCité-Lumière et « Nan-Boule ».
Alors que d’autres enfants prennent le chemin de l’école tous les matins, Junior* et ses collègues de rue passent leurs 24 heures au Champ-de-Mars, qui leur sert de quartier général, en quête d’argent et de nourriture. Ce, qu’ils considèrent comme un véritable travail qui leur permet de supporter économiquement leurs parents.

Des avenirs enchainés dans la rue…

« Je me sentais mal à l’aise chez moi, j’avais du mal à supporter mon beau-père qui me méprisait tout le temps.
 Un jour, il m’a dit de laisser la maison et ne jamais revenir, depuis je ne vis plus sous mon toit maternel » regrette Junior. Le cas de Kerry*, lui est différent, il dit avoir compris très tôt qu’il a été abandonné par son père qui refuse toute forme de paternité responsable. Kerry* dit avoir fait le choix de quémander dans la rue pour survivre quoiqu’il a 12 ans, et est le deuxième des 5 enfants de la famille. Paul* le plus jeune, de par son innocence dit se voir dans la rue sans se rappeler pour autant les causes qui l’y ont amené.

Photo illustration d’enfant – Credit – Freepick buy Manoel



Les héros des familles défavorisées

« Ma mère sait que je suis ici, elle se réjouit quand je lui apporte de l’argent » dit Junior* qui explique qu’il est aussi là pour sa famille de 5 enfants notamment ses deux petits frères. 

Le gamin de 15 ans qui semble être la source financière de sa famille dit se donner le devoir de rentrer à cite-soleil presque tous les dimanches pour partager son argent avec sa mère. Kendy* lui rentre dès qu’il a de l’argent. « Si je n’ai rien reçu, je dors dans la rue, mais dès que j’ai une somme avoisinant les 200 ou 250 gourdes, je rentre dans mon quartier (Nan Boule) et apporte l’argent à ma mère » lâche-t-il avec fierté.

Des avenirs exposés pour des rêves ambitieux

Exposés à toutes sortes de dangers Junior* dit souvent être victime de la méchanceté des autres. Ici, dans la rue, c’est la loi du plus fort. « Les plus grands dépouillent les plus petits, ils nous collent du feu aux pieds, ils nous déversent des ‘’Krazy-glue’’ dans les paupières ou du moins du piment dans les yeux. « À plusieurs reprises, ils m’ont déversé du piment dans les yeux » déplore-t-il.

En attendant l’arrivée des politiques publiques cohérentes susceptibles d’enrayer ce phénomène, Junior* souhaite retourner à l’école pour devenir mécanicien, Kendy* veut devenir polyglottes puisqu’auprès de chez lui, il se rappelle d’un club ou des enfants apprenaient l’anglais et l’espagnol.

*Pour des raisons de sécurité et protection, des noms d’emprunts ont été utilisés en lieu et place des vrais noms des enfants interviewés.