Chavannes Cenezi : un visage mémorable au sein du Collège Roger Anglade
À l’angle de la rue des Marguerites et Baussan, un vieil homme de 79 ans exécute depuis plusieurs décennies un travail colossal et significatif au sein du Collège Roger Anglade (CRA). En accueillant, les parents et élèves de l’école tous les matins et à chaque sortie, son nom a fini par graver dans la mémoire de plusieurs générations d’élèves.
Discret, utile et efficace tels sont les trois mots qui décriraient mieux la personnalité de Chavannes Cenezi. Depuis, presque 50 ans, il est le premier visage à rencontrer à l’entrée de l’école Roger Anglade. Professeur, parents, élèves et directeurs le saluent régulièrement pour sa présence et la surveillance infaillible qu’il accorde à cet établissement scolaire.
Dans son rôle de concierge de l’établissement depuis tantôt 4 décennies, monsieur Cenezi est le témoin de l’accomplissement académique de plusieurs générations d’élèves qui sont aujourd’hui des médecins, avocats, ingénieurs, banquiers, spécialistes en marketing, etc.
Gagner dignement sa vie
« Le gardiennage du Collège Roger Anglade m’a été confié en 1974. L’institutrice Marie Anne Raymonde Elie Anglade, épouse de monsieur Roger Anglade a reconnu en moi une personne digne de confiance à qui on peut donner les clefs de plusieurs salles de classes » raconte Chavannes l’air satisfait.
Au sein de cet établissement vieux de 64 ans, monsieur Cenezi portait plusieurs chapeaux. Celui de conciergerie qui consiste à nettoyer et à entretenir l’école, mais aussi celui du surveillant rigide à qui les élèves ne peuvent pas jouer des tours pour se livrer à des activités de délinquance.
« Le gros de mon travail consiste à balayer ; à essuyer et à laver les planchers ; passer l’aspirateur, cirer et polir les planchers et le mobilier ; remplacer les fournitures de toilette et à nettoyer les tableaux ; les fenêtres ; les appareils d’éclairage, les diffuseurs et les murs ; assurer l’entretien du terrain de l’école ; effectuer de petites réparations ; faire l’inspection régulière du matériel de terrain de jeu et du matériel de sécurité-incendie et assurer en général la sécurité de l’établissement lorsqu’ils ne sont pas utilisés » explique l’homme qui traine derrière lui 47 ans de loyaux services au Collège Roger Anglade.
Il est vrai qu’il n’était pas en position de recevoir le meilleur salaire de la hiérarchie administrative de l’établissement scolaire, mais le jeune homme des années 50 qu’il était voulait vivre dignement. « Je n’étais pas un délinquant, je devrais me trouver un emploi et gagner dignement ma vie » a-t-il expliqué au cours d’une cérémonie organisée par des membres de l’amicale des anciens élèves de l’école visant à honorer ses années de durs labeurs.
Un symbole qui inspire le respect
« Je surveillais les élèves sur la cour de récréation pour m’assurer qu’il ne pratique pas des jeux trop dangereux. Je remontais aussi leurs bretelles notamment, les garçons turbulents qui pataugeaient dans des flaques d’eau durant les périodes pluvieuses » raconte le gendarme de la barrière qui dit jouer souvent les rôles d’un second père pour les élèves de l’école.
« Le 16 janvier dernier rapporte mes 47 ans de services au Collège Roger Anglade, j’ai vu pas mal d’élèves, adolescents d’hier devenus des icônes dans le pays » explique Chavannes. D’autant plus, l’octogénaire a vécu la période dictatoriale de Jean-Claude Duvalier au sein de l’école. De 1974 à 2021, il a vu les allés et retours de 19 chefs d’États et de plusieurs générations.
Pour Jean-Junior Joseph, (Philo 87/88) physicien, mathématicien, informaticien, spécialiste en communication & marketing et ancien du Collège, monsieur Cenezi a beaucoup marqué la promotion d’élèves de 1988-1989 du CRA. De par son humaniste et son rôle de protecteurs des élèves, Chavannes était à la fois un père, un surveillant et un gardien selon ce qu’explique une dizaine de membre de l’Association des Anciens Elèves du Collège Roger Anglade (ASACRA).
« Chavannes figure sur l’une de nos photos de promotions, il était juste à l’arrière… » se souvient monsieur Joseph qui dit avoir conservé la photo comme un trésor d’enfance.
Il est vrai que la diplomation et l’intellectualité sont des facteurs qui permettent aux élèves de se souvenir de ceux qui ont contribué dans leurs éducations, pour un homme du rang de Chavannes Cenezi, l’humanité et la droiture ont été deux facteurs importants pour permettre à ce père de trois enfants de marquer les esprits de plusieurs générations d’élèves au cœur du Collège Roger Anglade.
* Le Groupe WhatsApp Toujours Plus Haut (TPH) qui rassemble les anciens élèves ( USA, Canada, Haiti, France) de 1982-1989 est fondé par : Ludmilla Pierre-Louis ; Stephen Mathelier ; Regina Beata Bois ; Marie Sandra Saint-Val ; Guy-Albert Vital ; Gabriel Herve Pierre Jerome ; Guichard Rodriguez ; Jean-Daniel Bernadin ; Pierre Renald Dugué