Où est passé le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) ? Cette entité de l’Etat ne surveille plus rien ? La façon dont sont conservés les produits pharmaceutiques, leur provenance et surtout les règlements pour s’en procurer ne concernent que les entreprises pharmaceutique et les.

Parmi tous les maux que le MSPP néglige et qui tuent en silence : l’automédication. Elle se définit comme étant « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens », selon le Conseil de l’ordre des médecins français.

L’automédication : répandue mais dangereux

Se soigner soi-même contre certaines maladies telles que : toux, refroidissement, rhumes, douleurs, allergie, migraines, mal de dos et insomnies… est un phénomène mondial (en France 8 habitants sur 10 ont recours à l’automédication). En Haïti, cette pratique est très répandue. Dans les grandes villes comme dans les régions les gens ont tendance à se procurer de ses médicaments sans prescriptions, notamment dans les zones reculées où les gens n’ont pas accès aux soins de santé de qualité. Pourtant, elle n’est pas dénuée de risques. En voulant chercher des solutions, les gens risquent d’aggraver leurs situations sans le savoir.

Elles sont multiples les raisons qui pourraient amener un individu à se tourner vers l’automédication plutôt que vers son médecin. Néanmoins, tous les professionnels de la santé publique consultés à cet effet s’accordent à dire que se soigner seul peut s’avérer très dangereux. « Les risques et les conséquences sont énormes », disent-ils.

« La prise des médicaments sans l’avis d’un médecin est très imprudente », a déclaré le Dr Patrick JOSEPH. Cela peut masquer certains symptômes, fausser l’interprétation des résultats biologiques, entrainer des erreurs de posologie regrettable. Elle peut également engendrer, dans certains cas, d’autres maladies, mais surtout l’aggravation des maux.

« Il ne faut pas recourir à l’automédication sur une longue durée. Elle doit être pratiquée temporairement dans les cas les plus bénins. Il convient de l’utiliser à bon escient, sans excès et en respectant des règles primordiales comme bien lire les notices pour connaître la posologie, les effets secondaires et les contre-indications », a suggéré l’interniste. Votre pharmacien demeure, dans un premier temps, un conseiller à ne pas négliger en cas d’automédication a-t-il précisé.

« Prescrire soi-même ses médicaments est un réel danger, car la personne qui utilise une aspirine ou un paracétamol n’est pas bien imbue de sa maladie. Voilà pourquoi, il doit toujours aller voir son médecin », a indiqué le Dr Kelly Blaise Paterson, soulignant par ailleurs que la maladie risque de passer du stade aigu au stade chronique.

Selon Patrice QUENEAU, spécialiste en la matière les méfaits de l’automédication ne manquent pas. Cependant, ils peuvent être classés en quatre catégories : risque sans mesurage de médicament, risques par mesurages médicamenteux, risques par interactions médicamenteuses et surtout le risque de retarder le diagnostic de la maladie.

Quid de médicaments les plus utilisés

En dépit de nombreux problèmes qu’ils encourent en utilisant ce procédé, les habitants de la ville comme ceux de la campagne, continuent de consommer des médicaments comme bon leur semble, sans l’ordonnance d’un médecin, en vue de se faire soigner des pathologies bénignes dont les symptômes sont simples.

Photo d’illustration de Nono, un marchand de pilules repéré à Portail-Léogane – C.P Phalonne Pierre Louis

Toutes les personnes questionnées au moment de la rédaction de cet article avouent avoir recours plusieurs fois à des médicaments sans l’aval d’un médecin pour se faire soigner des douleurs légères. Mais quels sont les médicaments les plus couramment utilisés en Haïti pour l’heure ? Il s’agit du Paracétamol, aspirine, ibuprofène, lopéramide, amoxicilline, vitamine C occupent les premières place des médicaments les plus sollicités actuellement en Haïti, à en croire la pharmacienne Julie Stylé.

Contrairement à d’autres pays particulièrement ceux de l’Europe (France, Suisse etc…), en Haïti le Ministère de la Sante publique et de la Population (MSPP) ne dispose d’aucun chiffre concernant ce phonème qui cache pourtant un réel danger. La Direction qui s’occupe de cet aspect au MSPP doit sortir de sa zone de confort afin d’adresser le problème. Elle doit sanctionner, proposer, oser, cogiter, prévenir et surtout éduquer si l’on veut éviter le pire.

Jodel Alcidor