Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a été dévastateur. Une bonne partie du département de l’Ouest et d’autres régions avoisinantes ont été détruites. Des dizaines de milliers de personnes ont été ensevelies durant des jours sous des décombres. D’autres ont perdu des biens, des êtres chers et des membres de leurs corps. 13 ans après, les séquelles sont encore présentes dans les chaires et dans les âmes.

Dans certains quartiers de la zone métropolitaine, rien n’a pratiquement changé. Plus d’une décennie depuis le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010, les images sont telles qu’elles ont  été au lendemain de cette catastrophe, la plus sanglante et la plus meurtrière qu’a connue le pays. Des murs fissurés ou effondrés portent encore les stigmates de ce cataclysme. Des familles et amis sont encore privés de leurs proches, certains n’ont même pas eu la chance de leur faire un dernier adieu. Des personnes ont survécu mais avec un handicap quelconque. D’autres ont tout simplement tout perdu, l’espace d’un cillement.

Une victime raconte

Alice* a vécu durant ces secondes la destruction de la maison familiale. « Nous avons perdu tous nos biens. Notre maison a été totalement détruite. Mon père et une de mes cousines ont trouvé la mort sous les décombres. De justesse, je me suis échappée, aidée par quelques voisins qui m’ont entendu crier. Malgré qu’ils géraient eux-mêmes leurs propres fardeaux, ils m’ont secouru », décrit-elle les larmes aux yeux. « Avant début des secousses, j’étais sur le point d’entrer à la salle de bain et d’un coup j’ai ressenti les vibrations du sol et l’écroulement des murs de la maison, je ne savais rien à propos de ce phénomène naturel appelé séisme« , souligne par ailleurs Alice.

Les souvenirs et les traumas sont encore là.

Survivante de ce drame, qui a laissé un lourd  bilan, soit plus de 220 000 morts, 300 000 blessés et 1, 5 million de personnes sans-abri selon les données publiées par Oxfam international, Alice garde encore en mémoire un lot de souvenirs qui hantent son quotidien. La jeune fille voit défiler devant elle toute la scène de ce mardi 12 janvier 2010 à chaque regard vers l’emplacement de son ancienne demeure. Deux de ces proches y ont rendu l’âme et 3 autres en sont sortis grièvement blessés.

« C’est accablant de penser à ce temps-là. J’ai perdu mon père que je ne reverrai plus. Son absence pèse encore sur la famille. Il était le principal moteur financier qui alimente le ménage. Vous savez qu’est-ce que cela signifie un père responsable dans les familles haïtiennes », lâche-t-elle,  l’air pensif.

Après les blessures causées par l’effondrement des batiment lors du sinistre du 12 janvier 2010, Alice a passé environ 8 mois pour se reprendre physiquement. Quant aux effets psychiques, elle indique qu’ils s’effacent progressivement grâce aux supports des membres de sa famille et de ses amis. Elle est du nombre de ces victimes qui n’ont pas eu la chance de se rendre chez un psychologue après les troubles occasionnés par cet événement dévastateur qui a démoralisé une bonne partie de la population haïtienne. Cependant, Alice croit dur comme fer que si la population avait été éduquée sur les risques sismiques, les méthodes de prévention et la gestion post-catastrophe, des victimes seraient encore vivantes dont son « pauvre père ».

Alice prône la prévention comme norme

Si en 2010 la majorité des gens ignorait tout sur les constructions parasismiques et les attitudes à adopter lors d’un tremblement de terre, Alice se dit toutefois un peu mieux informée par rapport à ces catastrophes aujourd’hui.

Des départements comme le Nord,  le Sud et l’Ouest ont déjà été récemment touchés par un séisme majeur ayant causé d’énormes dégâts et tuer beaucoup de personnes. Aujourd’hui, Alice qui est une rescapée fait ce qu’elle peut afin d’aider ces concitoyens à avoir une attitude plus responsable vis-à-vis des risques géologiques dans les normes de construction. La trentenaire éspère qu’avec une population mieux préparée, le nombre des victimes en cas d’un éventuel séisme sera nettement diminué.

*Des noms d’emprunt ont été utilisés dans le cadre de ce travail afin de protéger l’identité de certaines personnes interviewées.

Oberde Charles