Élisabeth Maddelno : une ‘’Manbo’’ de nationalité française qui a consacré sa vie au vodou
Élisabeth Maddelno est prêtresse vodou. Française, elle a été initiée au Bénin, après huit années de formation. Elle a vécu également en Haïti pendant des années.
Entre Élisabeth Maddelno et le vodou, c’est une longue et passionnante histoire d’amour. Alors qu’elle vivait en Haiti, en 1998, la native de l’Hexagone a accordé une captivante entrevue à Gasner Joint autour des spécificités spirituelles et philosophiques du vaudou. Au cours de l’entrevue, Madame Maddelno a été amenée à tracer le schéma des cérémonies du vodou.
« Chaque cérémonie est différente, selon l’esprit. Mais il y a un noyau général : après le chant d’entrée et l’appel obligatoire à Legba, le Loa qui ouvre la barrière du monde mystique, la cérémonie est en général ouverte par Damballah, esprit de la fécondité et de la vie, et fermée par les Guédés, esprits de la mort. La cérémonie vodou reconstitue en quelque sorte le cycle de la vie », a expliqué la Manbo.
En outre, elle a déterminé l’essence philosophique du vodou qui, comme il est souvent répété, est une religion purement animiste.
« Le vodou est une religion qui se fonde sur le respect de la société, le respect des ancêtres, de la famille et du bien d’autrui. C’est ce sentiment de respect qui m’a le plus attirée au départ dans cette religion. Le respect de l’environnement aussi est fondamental. Le vodou nous apprend par exemple que même une feuille est sacrée », a-t-elle fait comprendre.
Cette religion animiste, la Manbo estime qu’elle est la religion du peuple haïtien, « Je pense effectivement que le vaudou est et restera, je l’espère, la religion du peuple haïtien », croit-elle, avant d’ajouter : « en disant « peuple haïtien », il ne faut pas voir seulement la masse, mais on doit inclure tous les strates de la société. Quand on dit que le vodou est une réalité qui se passe seulement dans les campagnes, c’est faux. Ce qui est vrai, c’est que le paysan haïtien aborde le vodou avec beaucoup plus de liberté. Il n’a pas peur de dire qu’il est vodouisant ; tandis que les éléments de la bourgeoisie et de l’élite intellectuelle qui pratiquent le vaudou ont tendance à le cacher. Mais le vodou peut être une religion des bourgeois comme elle peut être celle des paysans ».

Pour ceux qui en douteraient, la Manbo a affirmé que le vodou est bel et bien une religion avec ses particularités et ses ressemblances avec les autres.
« C’est une religion à part entière. On y fait des baptêmes, des mariages, des funérailles selon un rituel très précis. Elle a ses cérémonies et ses prières propres. Définitivement, c’est une religion. Mais comme n’importe quelle religion, il y a place pour une philosophie. Ainsi quelqu’un pourrait bien, sans être initié, partager la conception vodou du monde : croyance au Dieu « Grand Maitre », respect de la vie, des ancêtres, de l’environnement », a-t-elle expliqué.
Joint, Gasner. Libération du vaudou dans la dynamique d’inculturation en Haiti. 1999, Rome, p. 421
Michner Alfred