Le 15 décembre 2021, l’Observatoire National du Sport Haïtien (ONASH) a été porté sur les fronts baptismaux devant un parterre de personnalités parmi lesquelles Le Sénateur Pierre Paul Patrice Dumont, le Directeur Général du Ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action Civique, M. Mario Florvil, entre autres ,se sont illustres. Il s’agit là d’une première en Haïti. L’ONASH est donc un nouvel espace d’études scientifiques et de recherches sur le sport haïtien, coiffé par la fondation « Ayiti toma».

Ce n’est un secret pour personne, le sport en Haïti est traité en parent pauvre et est pratiqué de manière folklorique. Ainsi, pendant longtemps, le sport n’a jamais été pensé, dans le sens où il n’a jamais été considéré comme ce qu’il est partout ailleurs : un phénomène de société avec des dimensions historiques, anthropologiques, politiques, et surtout économiques. Toutefois, depuis le 15 décembre 2021, une lueur d’espoir se profile à l’horizon du monde sportif haïtien.

Quid de l’observatoire du sport ?

Un observatoire du sport est un dispositif scientifique qui a pour objectif la collecte, le traitement et la mise en valeur des données sur le sport. Dans une certaine mesure, il est destiné à fournir une représentation techniquement contrôlée et validée dans un champ, là où dans certains cas, une vision politique est brouillée.

Interrogé sur la question, l’instigateur du projet, qui est au passage l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et de l’Action Civique M. Edwing Charles, soutient qu’il s’agit d’une initiative citoyenne qui vise à inciter les acteurs du monde sportif à prendre les bonnes décisions en s’appuyant sur des faits. Pour cela, le président d’ « ayiti toma » dit privilégier l’observation scientifique des phénomènes. Car, selon lui : « Le sport est devenu une science. On doit dépasser notre arriération en ayant la science comme boussole, comme c’est le cas dans bon nombre de pays » préconise l’avocat. Et de poursuivre :

« Notre rôle est de proposer des pistes de solutions aux décideurs publics, mais tout cela sur la base des données recueillies en bonne et due forme, donc recueillies de la manière dont la rigueur scientifique le voudrait.»

À la question de savoir si l’Université qui est le terrain de prédilection de la recherche scientifique sera mise de côté dans le cadre de ce projet, sa réponse était sans aucune ambiguïté : « L’Université aura une place de choix au sein de ce projet {…} de toute façon, on ne saurait nous en éloigner, car quand nous aurons besoin de quelques données préexistantes pour mener à bien nos propres recherches, nous ferons bel et bien appel à ces dernières » Précise-t-il.

 

L’ancien patron du MJSAC, Edwing Charles

 

L’ancien patron du MJSAC a tenu aussi à dévoiler la composition de son équipe. En effet, Edwing Charles dit disposer de grands spécialistes du sport parmi lesquels un avocat spécialisé en droit du sport. Mais aussi, l’observatoire dispose de sociologue, de statisticiens ou encore des informaticiens pour recueillir les donnees, ces derniers s’avèrent indispensable sachant que nous sommes à l’ère des « big data », c’est-à-dire que nous sommes à une époque où les données ne sont plus traites de manière traditionnelle et nécessite de plus en plus de nouvelles compétences en la matière. Ainsi, le PDG d’ayiti toma dit qu’il mettra tout en œuvre pour permettre à ce que le sport soi un outil de cohésion sociale et de paix en Haïti.

Toujours dans sa démarche inclusive, Edwing Charles affirme qu’il compte aussi sortir de cette tendance qu’ont les membres de la société civile haïtienne, une tendance selon laquelle ces acteurs concentrent uniquement leur effort au sein de la capitale. Il affirme donc opérer différemment : « Nous avons déjà pas mal « d’antennes » dans les villes de province. D’ailleurs, la fondation « Ayiti Toma » qui est l’organisation qui coiffe ce projet a déjà organisé un tournoi de football à Ganthier dont la grande finale a eu lieu ce dimanche 2 janvier 2022. Donc nous étendons progressivement nos tentacules un peu partout » informe Monsieur Charles.

Aussi, il compte avoir les moyens de ses ambitions, en ce sens, ce dernier stipule qu’une projection budgétaire sera proposée sous peu… Et profite au passage pour faire appel à L’Etat haïtien ou aux organisations nationales et internationales qui selon lui peuvent soutenir le projet.

S’il est vrai que la précarité de ce qu’on peut considérer comme la base matérielle indispensable à tout développement sportif constituent des paramètres non encore maîtrisés par nos dirigeants. Le sport haïtien est tributaire essentiellement de l’adaptation des pensées au fait. Cela dit, la recherche doit avoir une place de choix pour traite la problématique du sport haïtien. Un sport affichant un niveau extrêmement bas et qui n’atteint pas toute l’étendue du territoire national. ONASH vient donc à un moment où le sport haïtien est dans les abysses et peine à retrouver la surface.

Jonathan Menard