La boxeuse américaine d’origine haïtienne, Melissa Saint-Vil, a été sacrée championne de la compétition de boxe WBO/NABO dans la ville d’Indianapolis aux États-Unis le 9 février dernier. Elle dédie sa victoire à Haïti en encourageant les jeunes filles haïtiennes à l’appréhension des disciplines sportives.

Une femme « boxeuse » possède surement un fort caractère, dit-on souvent. L’Haitiano-Américaine Melissa St-Vil, quant à elle, ne revêt pas seulement de ce côté-là, elle est aussi une athlète professionnelle avec de grandes ambitions. Celles de gagner et de continuer à prouver sa valeur dans un sport à dominance masculine.

Avec sa silhouette svelte, son corps musclé et taillé sur mesure qui peuvent éblouir les yeux et provoquer des fantasmes à tout moment, cette femme est devenue l’égérie des médias nord-américains depuis sa fabuleuse victoire face à son adversaire très coriace, la canadienne Jessica Camara.

« Jessica [Jessica Camara, ndlr] était très forte et très douée, j’ai beaucoup de respect pour elle mais mon sentiment de gagner était incroyable et je voulais être considérée comme un modèle positif », lâche-t-elle à la rédaction de Loop Haïti.

En déstabilisant son adversaire au dixième round sur décision unanime des juges pendant son dernier combat dans la compétition de l’Organisation de boxe nord-américaine (NABO), celle qui s’est faite appeler le « Mike Tyson féminin » voit en sa personne une machine à gagner dans la Word Boxing Organization (WBO).

La courbe pour inverser la tendance

En Haïti, les parents ont tendance à orienter le choix de leur progéniture, notamment les filles à cause de leur sexe. Melissa St-Vil a été contraint de se laisser faire au début, mais a fini par entreprendre le chemin inverse. Elle a toujours rêvé de briller dans une discipline où les noms qui retentissent les plus forts sont des hommes.

« En grandissant dans une maison haïtienne, vos parents vous obligent à devenir infirmière, avocate, à vous marier, et avoir des enfants, explique-t-elle. Il n’y a rien de mal à cela à ce que je sache, mais les jeunes filles le font ce n’est pas parce qu’elles ont forcément envie à ce moment-là ».

En prenant partie contre cette pratique, Melissa St-Vil encourage les jeunes filles à faire le choix de leur rêve. « Vous devez faire ce qui vous rend heureuse, et c’est ce que j’ai fait », soutient-elle à propos de son choix de carrière pour évoluer dans la boxe.

Ce choix atypique, qui n’était pas forcement bien vu au départ par son grand-père, l’amène aujourd’hui au sommet de sa gloire. « Je rêvais de représenter Haïti dans la boxe, je l’avais dit à mon grand-père il y a quelques années, exprime-t-elle avec un brin de satisfaction. Je l’ai fait, aujourd’hui ».

Plus loin, la championne souligne que « les familles haïtiennes ne croient pas aux sports et ne les pratiques pas ; cela poussent les jeunes à devenir négatifs. Je voulais montrer aux jeunes le côté positif des disciplines sportives et leur montrer quand vous soutenez quelqu’un dans ses rêves cela peut faire une grande différence ».

Dans son palmarès actuel, St-Vil compte un total de 13 victoires sur 21 combats ; 1 victoire par K.O ; 4 défaites ; 4 nuls et 4 titres de champion.

« Je suis une championne du monde de boxe professionnelle, je détiens 4 ceintures. Je suis la première et la seule combattante haïtienne américaine femme à atteindre ce niveau », se rengorge-t-elle.

L’ambition d’aider les siens

Devenir une figure féminine à la renommée d’un homme comme Mohamed Ali (Cassius Marcellus Clay Jr.), Mike Tyson n’est pas chose facile. Melissa St-Vil ambitionne de se tailler une place de choix dans le concert des grands noms de la boxe dans le monde. Un chapitre qui est vachement illustré par des noms masculins.

« J’ai traversé des moments difficiles dans ma vie et j’utilise ces expériences pour me pousser plus loin dans mon voyage, avance-t-elle. Je veux transformer cette énergie en vibration positive pour aider et guider les autres ».

Elle se revêt toujours du drapeau bleu et rouge d’Haïti pendant ces combats de boxe. Un signe d’attachement à Haïti, pays dans lequel elle a vécu son enfance, et un moyen, pour elle, de renvoyer l’ascenseur et encourager les jeunes filles haïtiennes à poursuivre le chemin et le rêve qu’elles ont choisis elles-mêmes.

Dans le futur, elle espère apporter son support à la boxe en Haïti. « J’adorerais soutenir l’évolution de la boxe haïtienne, car pour moi il s’agit de faire un changement positif pour Haïti, s’exclame-t-elle avec tant de fierté. L’énergie qu’apporte le peuple haïtien est électrique, les vibrations en Haïti sont fortes depuis 1804, notre histoire parle d’elle-même… ».

Dans de très courtes vidéos, on la voit parfois déhancher sur un son « rabordaille », identité musicale très prisée en Haïti ces dernières années. Sa mère vient de Jean-Rabel (département du Nord-Ouest), donc elle s’est bien habituée au rythme entraînants haïtiens.

Si la Boxe est peu considérée en Haïti, de plus en plus d’haïtiens comme Jean Pascal et Melissa St-Vil etc., font parler d’Haïti en terre étrangère avec le drapeau bleu et rouge comme étant un peuple passionné de cette discipline sportive.

Marc-Evens Lebrun

Source : Loop-Haiti