Depuis le lancement de ce programme par l’Administration Biden le 6 janvier dernier, 5 mille 500 haïtiens sur 11 mille 300 ont déjà rejoint la République étoilée. Ils sont, pour la plupart, des jeunes professionnels qui n’attendaient que cette opportunité, leurs proches aussi d’ailleurs qui vivent aux USA. Une fois approuvés, ces jeunes haïtiens n’attendent même pas le délai de trois mois. Ceux qui avaient un emploi n’ont pas eu le temps de donner leur préavis. Un coup de massue pour certaines entreprises qui essaient de maintenir le personnel à coup d’augmentation salariale et d’avantages sociaux.

Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Cet adage sied bien à la réalité que vivent certaines entreprises de la place depuis que les approuvés du « Programme Biden » ont commencé à rejoindre le pays d’Obama.

Les entreprises perdent leurs cadres

Frantz Déloge est le patron d’un Multi Service, spécialisé dans la délivrance de documents d’identité, situé dans la commune de Delmas. Le jeune entrepreneur admet qu’il est dans l’inquiétude. « J’ai déjà perdu deux personnes dans mon staff, ma caissière et mon comptable », précise M. Déloge. Il affirme que c’était de bons employés, compétents et sérieux. Il est, certes heureux pour eux, selon ses dires, mais il avoue que c’est un coup dur pour son entreprise. « Je vais beaucoup trimer avant de les remplacer », soupire-t-il.

Frantz Déloge a malheureusement raison. Trouver un professionnel compétent, disposé à travailler dans des conditions que nous connaissons devient de plus en plus difficile.

Salaire et avantages sociaux importent peu, ils veulent partir

Shirley Blanc est assistante administrative dans un complexe à Pétion-ville. Elle percevait 35 mille gourdes par mois. Depuis l’adoption du Programme Humanitaire Parole, elle a reçu une augmentation de 5 mille gourdes sans rien demander. Sa patronne l’a approché à plusieurs reprises pour lui demander si elle a appliqué pour le programme d’immigration légale. « Je ne lui ai pas menti », déclare Mme Blanc indiquant qu’elle n’attend que l’email de confirmation pour remettre sa démission. Par ailleurs, elle dit qu’elle a été stupéfaite quand sa boss lui a offert le poste de responsable des ressources vacant depuis son arrivée, cela fait déjà un an. Shirley Blanc est convaincue. Elle indique que rien ne peut la retenir, même si la patronne lui offrirait son poste.

Effectivement des entreprises subissent le revers de cette décision « made in Biden ». Elles perdent leurs cerveaux, leurs cadres. « C’est dur, on en avait même pas assez de personnels qualifiés », concède le propriétaire d’une chaine de « resto Take out ». Il indique qu’il n’a rien contre le programme, d’ailleurs même au niveau de sa famille, ils en profitent pour permettre à des proches de laisser le pays. Cependant, il précise que cela aura de graves conséquences sur la qualité de la production des services.

Sans langue de bois, l’entrepreneur de carrière révèle qu’il a presque doublé le salaire de tous les cadres importants afin de motiver le personnel dont l’eldorado américain est miroité devant eux tous les jours.

Tout compte fait, le Programme Humanitaire Parole vient à point nommé pour des jeunes professionnels qui n’en pouvaient plus, à essayer de joindre les deux bouts difficilement dans un pays qui n’a que faire de ses compétences, de ses matières grises. D’un autre côté, certains y voient la poursuite d’un plan orchestré pour vider le pays de sa sève, de ses cerveaux. Dans l’un ou l’autre cas, sur des vidéos postées sur les réseaux, chaque personne approuvée par le Programme Biden semble avoir gagné à la loterie.


Wandy Charles