Haïti : quand l’instinct de survie devient un mode de vie
L’instinct de survie est un comportement inné qui pousse les êtres vivants à se protéger et à satisfaire leurs besoins fondamentaux pour survivre. Dans certaines situations, cet instinct peut être utile et vital, mais lorsqu’il est constamment activé, il peut avoir un impact négatif sur les valeurs intrinsèques, les lois, les principes moraux et éthiques dans une société. La survie devient alors la priorité absolue, et les individus peuvent agir de manière égoïste, désespérée et parfois même illégale pour satisfaire leurs besoins. Cela peut entraîner une détérioration de la confiance dans les institutions et les lois, et conduire à une culture de corruption, de violence et de manipulation. En somme, l’instinct de survie peut devenir un frein au développement d’une société équitable, juste et éthique.
Haïti, ce petit bijou de la Caraïbe, fait face à de nombreux défis depuis sa création. Les catastrophes naturelles, la pauvreté, la corruption et la violence ont été les fléaux qui ont sévi depuis des décennies. Le peuple haïtien est en constante survie, cherchant désespérément à satisfaire ses besoins fondamentaux.
Selon la Banque mondiale, plus de la moitié de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de deux dollars par jour. Ce chiffre témoigne de la réalité de la survie économique dans laquelle les Haïtiens vivent. Dans cette situation de précarité, les gens font face à un défi de survie permanent, ce qui pousse certains à agir de manière désespérée pour obtenir de l’aide.
En outre, l’instinct de survie joue un rôle dans la manière dont la corruption affecte le pays. La corruption est un phénomène courant en Haïti, car certains fonctionnaires corrompus profitent de la vulnérabilité des gens pour exploiter la situation. Dans un tel environnement, les citoyens cherchent souvent des moyens illégaux pour obtenir des services de base tels que l’éducation, les soins de santé, l’eau potable, etc.
Le phénomène de la migration interne et externe est également un autre exemple de l’instinct de survie du peuple haïtien. Les Haïtiens ont tendance à fuir leur pays pour échapper à la violence, à la pauvreté et aux conditions de vie difficiles. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 5 millions de personnes d’origine haïtienne vivent actuellement à l’étranger, principalement aux États-Unis et au Canada. La migration interne est également élevée en raison des conditions difficiles dans les zones rurales et les villes.
La manipulation et la persuasion sont également des outils souvent utilisés pour influencer l’instinct de survie des Haïtiens. Les politiciens corrompus exploitent souvent les besoins des gens pour obtenir leur soutien ou leur vote. Les groupes armés utilisent la violence pour maintenir leur emprise sur les communautés, forçant les gens à se conformer ou à fuir. Et nous avons aussi les chefs religieux (des pasteurs, des prophètes, des hougans, des prêtres, etc.) qui profitent de la vision du monde magico religieuse de la population pour la manipuler par l’instinct de survie.
Selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International, Haïti est considéré comme l’un des pays les plus corrompus au monde. Le pays se classe à la 171ème place sur 180 pays évalués en 2022. Cette corruption généralisée a des conséquences dévastatrices sur la capacité du pays à répondre aux besoins fondamentaux de la population, tels que la santé, l’éducation et la sécurité.
L’instinct de survie est une réalité quotidienne pour les Haïtiens, qui doivent lutter pour leur subsistance dans des conditions difficiles. La pauvreté, la violence, le constant narratif négatif dans les médias sur le pays, la corruption et la manipulation continuent d’alimenter cet instinct de survie, rendant la vie difficile pour la population. Pour inverser cette tendance, une action concertée est nécessaire pour fournir les services de base, et améliorer la sécurité.
Deslande Aristilde