S’oublier soi-même pour se mettre au service des autres, cette passionnée de football est un modèle d’altruisme et de dévouement.

Corps élancé, visage allongé, des dreads locks lui tombant sur les épaules et la morphologie d’un gaçon, Marie Sofonie Louis n’a rien d’une religieuse traditionnelle. Et pourtant, cette volonté de venir en aide à ses semblables, cette passion pour tout ce qui est humain s’apparente vraiment à une profession de foi.

Passionnée de Foot

Sofonie a grandi à Cité Félix, un quartier de Port-au-Prince avoisinant Bel air et Fort National… Elle a connu une enfance heureuse marquée par sa passion pour le ballon rond. C’est un héritage que lui a transmis son père. « Mon père est un passionné du football, il m’a transmis cette passion », raconte-t-elle toute souriante.

La jeune femme n’avait pas encore 10 ans lorsqu’elle a commencé à pratiquer ce sport: À l’époque, je jouais avec de jeunes garçons plus âgés que moi, j’étais la seule fille parmi eux et pourtant cela ne m’empêchait pas de gagner. « J’étais très douée », se rappelle Sofonie. 

La native de Port-au-Prince parle d’une époque où l’insécurité et le banditisme ne régnaient pas encore en maître dans son quartier. « Chaque été, on organisait des championnats et je pouvais pas me permettre de ne pas y participer, quand bien même il s’agissait d’équipes masculines ». Elle porte son quartier et surtout les gens qui y vivent dans cœur. C’est cet amour qui la pousse à s’y rendre tous les ans pour distribuer des cadeaux aux enfants et la traditionnelle soupe du nouvel an. « Décembre dernier, malgré combien la situation était difficile, j’ai osé y aller pour partager un peu de ce que j’ai avec les habitants comme je l’ai toujours fait », affirme l’amante du foot.

Photo d’Illustration de Marie Sophonie Louis  »en bleu » accompagnée de quelques joueuses de l’équipe nationale féminine des amputées C.P : Facebook Marie Sophonie Louis

Défenseuse des plus démunis

La journaliste sportive pense que sa provenance d’un quartier défavorisé économiquement est pour beaucoup dans la personne qu’elle est devenue aujourd’hui.

« Je suis toujours fière de dire d’où je viens, car mon quartier et ses problèmes ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui »,se vante la jeune dame.

De là découle son penchant pour les plus déshérités, notamment les femmes et les petites filles. C’est ce qui lui a valu le prix de ‘Héros de la défense des droits humains en Haïti’ décerné en 2017 par l’Ambassade américaine. Son amour pour le football et son sens de leadership lui ont permis de fonder la première équipe féminine amputée. Équipe dont elle est la coach aujourd’hui.

Dans une société dominée par l’individualisme et l’égoïsme, cette militante des droits humains se voue corps et âme au service des autres défendant la veuve et l’orphelin. Marie Sofonie Louis s’est aussi engagée dans la lutte pour le respect et la promotion des droits des femmes et des filles.

Francesca Mintor